Mes projets naissent d’expériences liées à mon quotidien.
Il peut s’agir d’une rencontre, d’un texte, d’un voyage, d’un évènement ou d’une situation particulière.
Le point commun entre ces projets est lié à un processus de réflexion.
Je tend à créer du sens à partir de situations, d’objets ou de formes préexistantes en passant de la position de consommateur à celle de producteur.
De manière plus imagée, il s’agirait d’abord d’être le lecteur d’un livre, puis d’en détacher les pages et de les réorganiser pour finalement en devenir l’auteur.

Quand j’utilise un livre de poche comme carnet à dessin, je transforme l’usage commun de l’objet-livre et du roman, je m’en approprie la forme et le sens. Le dessin dans ce livre me permet de mettre certains mots en exergue, d’en occulter d’autres et de changer ainsi le récit originel pour créer le mien.

Quand, lors d’une résidence à l’étranger, j’emploie une charrette de vendeur ambulant pour proposer aux habitants une projection vidéo itinérante sur les murs de leur ville, j’utilise un objet du quotidien et j’en détourne l’usage pour poser des questions et proposer de nouvelles formes. Les façades des maisons deviennent le décor de la vidéo, la charrette du vendeur devient un cinéma autonome et le film se déplace vers le spectateur en inversant la norme.

Quand à la suite d’un tremblement de terre au Népal, les habitants maintiennent les façades des maisons et des temples avec des étais en bois, la situation pose la question de la reconstruction, de l’éphémère et du pérenne. En ornementant ces poutres d’éléments sculptés dans le style traditionnel, je questionne la place de ces structures temporaires et propose de les intégrer dans le paysage architectural.

Quand je créé une installation interactive dans laquelle des vidéos sont projetées sur les pages d’un livre, évoluant au fur et à mesure de sa manipulation, je déplace et j’inverse les codes du livre et de la vidéo. Le champ-contre-champ avec les pages de gauche et pages de droite, le générique de fin avec le colophon, le timecode avec la pagination, le CMJN avec le RVB, le cadrage vidéo avec la grille de mise en page, le sous-titres et la note de bas de page. La position du regardeur de film se confronte à celle du lecteur de livre et interroge les structures narratives, le récit linéaire, ce qu’on nous raconte et comment on le reçoit.

Être un usager des objets qui m’entoure me donne surtout l’envie de m’approprier ces objets, de les hacker, de les détourner, de les adapter, de les styliser pour passer d’une position passive à une position active.

Il n’y a pas de forme finie, il y a des propositions de choses en devenir.



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Le travail artistique de Yoan Robin propose une immersion dans les structures et les médiums narratifs. L’artiste détourne les médiums de diffusion, agit par superposition de techniques (livre-video), par calque (le dessin s’ajoute au texte) pour interroger les formes des trames narratives et notre rapport aux récits diffusés dans nos espaces intimes.


At an events horizon….
Yoan Robin ‘s work proposes an immersion into the structures of narrative. Reappropriating broadcast techniques, turned by superimposition and calcing intertextual addition, imagery, to investigate theforms and frameworks of the narrative as we receive them in our more intimate sphere…


Chris Straetling pour l’exposition À l’horizon des évènements


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>>>texte de l'exposition A l'horizon des évènements, Bukta Paktop (PDF EN)

>>>texte de Yongdo Jeong lors de la résidence à Geumcheon Art Space, Seoul : Speculating Text as a Beginning of Spirituality